Alors, oui, La Provence rime souvent, et dans l’esprit de la plupart des touristes, avec soleil, piscines, pastis et petit rosé à déguster avant de tirer le cochonnet à l’ombre de la tonnelle sous le chant des cigales !!!
Mais La Provence, celle de « L ‘Authentique » comme dirait Ugolin dans Jean de Florette, est autre, elle ne se donne pas mais se découvre sous un soleil de plomb avec toute l’aridité et le mystère qu’elle recèle.
Cette Provence, intime, est celle de Pagnol, plus encore de Giono qui en a si justement parlé en l’évoquant dans la dureté de son climat. Cette Provence-là, aride et montagneuse est celle de la Durance qui se glisse entre les hautes terres. La Provence a l’odeur de lavande que les abbés bénissent comme les troupeaux en partance, car la transhumance n’a pas encore totalement disparu.
Alors, c’est la découverte du domaine des bergers, parmi les touffes de thym, de sarriette et de romarin qui arrivent à pousser sur un sol caillouteux. L’été, les randonneurs curieux parcourent les chemins, loin des restaurants étoilés de la côte mais sous un ciel d’autres étoiles tellement plus nature.
Mais quand les vents tournoyants vous bousculent, il est déjà trop tard pour reculer : la végétation disparue, il faut continuer à grimper sur un sol de plus en plus rocailleux. La récompense n’en est que plus belle lorsque, épuisé, on arrive au sommet et découvre la surhumaine beauté des collines et des vallées sous une lumière irréelle.

Cette Provence des hivers trop longs et des étés trop secs, elle s’apprend. Il faut l’arpenter avec vigilance et avoir toujours l’œil aux aguets. Nous voici vite parmi d’étranges collines aux flancs érodés en troncs de cônes, de falaises escarpées. En redescendant, on passe par divers villages où les gens ne rient pas mais « sourient », sur des placettes, derrière des façades ocre et bleu. La Provence des solitudes, des drames et des tragédies cachés sous le chant des cigales, compagnes pour l’éternité…

Qui connaît cette Provence, ses cimes brûlées de soleil, coupées de vallons verts et gris reconnues par tous « comme les plus belles collines du monde ». Ce désert parfumé, entre obscurité des grottes et lumière des vallons rocheux, là où réside le plus profond mystère. Cette Provence, l’endroit que nous aimons le mieux lorsque l’on décide de s’y donner corps et âmes quitte à s’y perdre….
La Provence des traditions orales, des histoires locales et des sortilèges empreints de vérité. Cette Provence c’est la nôtre, indifférente au tumulte et autres paillettes de la Côte. Cette Provence nous ne devons de la protéger, de la préserver dans toute l’austérité qu’elle reflète, dans sa violence, sans compromis ni modération. Cette Provence que l’on aime ou déteste mais qui ne saurait laisser indifférent. Celle où le corps s’engage, l’esprit se développe loin du « far-niente » des plages bondées .

Amis et lecteurs de lautremag.news, nous ne pouvons que vous recommander de sortir des routes habituelles, encombrées, touristiques aux airs de cartes postales, pour vous perdre dans l’arrière pays, le pays qui est le nôtre et vivre l’expérience la plus forte, celle de sensations exaltées, d’éblouissements permanents dans un stupéfiant décor pour un authentique western mais toujours « avec l’accent »!

KL